1.2 - Offrez un "tout" plutôt qu'une partie

"Il faut beaucoup mieux qu'un visiteur quitte un site historique ou naturel en ayant à l'esprit une ou un petit nombre d'idées claires plutôt qu'un mélange d'informations qui le laissera perplexe sur la signification de ce lieu ou même qui l'aménera à douter du bien fondé de sa protection".


Comment rendre toute la signification du mot anglais "a whole" que Tilden emploie dans le titre d'un de ses chapitres "a whole rather than a part".

Peut-être par une périphrase : une histoire entière formant un tout, plutôt que des éléments d'histoire, partiels et dissociés.

Ou mieux encore : une vérité qui donne à un site ou à un phénomène son sens le plus fort et le plus universel... Celle qui peut "exciter l'imagination, laisser une impression indélébile, donner au visiteur l'envie d'en savoir plus."

L'exemple déjà cité à propos du site de Wicksburg nous a permis d'approcher une de ces vérités, au sens ou Tilden les entend.

Prenons un autre exemple, dans un lieu tout différent, le "Big Bend National Park", un secteur de montagne à la frontière mexicaine. L'aridité n'a cessé de s'accroître depuis des siécles et la végétation, du désert à la forêt d'altitude, se module strictement sur le niveau des précipitations. Des milliers de choses intéressantes peuvent être dites du point de vue naturel, historique ou archéologique. mais ici "a whole" peut être l'histoire de l'adaptation de la vie organique, dans le temps et dans l'espace, devant la fuite des précipitations. Chaque visiteur revenu dans son pays bien arrosé, songera parfois à cette histoire en se disant :  un jour ici aussi, peut être...

Quelquefois la vérité d'un site crève les yeux, ceux du public tout au moins, sinon ceux des spécialistes.
Ainsi au "monument" indien de Tonto, où les visiteurs sont fascinés par la raideur de la pente que les anciens indiens devaient descendre et remonter pour aller travailler leurs champs. Faut-il parler ici de la classification des poteries qu'ils utilisaient ou des théories concernant leurs voies de migration ? Le visiteur ne peut s'empêcher de penser à la dureté de leur vie. C'est cette vie qu'il faut dépeindre jusqu'à ce qu'il sente "que lui-même placé sous les mêmes contraintes aurait fait exactement la même chose que ces gens, aurait aménagé son habitation de la même manière et l'aurait aimé en pensant qu'elle était le centre du monde..."